Memphis (4)


 Howlin’ Wolf

 Wolf est né Chester Arthur Burnett de Leon Dock Burnett et Gertrude Young le 10 juin 1910, à White Station dans le Mississippi, un très petit arrêt du chemin de fer près de West Point dans le Mississippi hill country. À l'âge de treize ans, Chester s'est enfui au Delta rejoindre son père qui vivait à la Young and Morrow plantation près de Ruleville au Mississippi. Là, Chester se passionne pour les musiciens locaux, surtout pour la première grande star du blues du Delta, Charley Patton et quand son père lui achète sa première guitare en janvier 1928, Chester persuade Patton de lui donner des leçons de guitare. Il a pris plus tard des leçons d'harmonica avec Sonny Boy Williamson II (Aleck Miller), qui était amoureux de sa soeur, Mary. Il a aussi appris avec les disques de Blind Lemon Jefferson, Tommy Johnson, les Mississippi Sheiks, Jimmie Rodgers, Leroy Carr, Lonnie Johnson, Tampa Red et Blind Blake.

 Dés le début, la voix de Wolf était énorme, surprenante et rugueuse comme celle de Charley Patton et encore plus puissante. Quand il ne travaillait pas à la ferme de son père, il voyageait dans le Delta avec d'autres musiciens comme Williamson, Robert Johnson, Johnny Shines et Floyd Jones. En 1948, à trente-huit ans, il arrive à West Memphis où il réunit un groupe dynamique composé du joueur d'harmonica James Cotton de Junior Parker et des guitaristes Pat Hare, Matt "Guitar" Murphy et Willie Johnson. Wolf et ses Houserockers est bientôt le groupe le plus populaire de West Memphis.

 En 1951, Wolf attire l'attention de Sam Phillips, qui le prend dans son studio et enregistre "Moanin’ at Midnight" et "How Many More Years" et les cède à Chess Records qui les sort en 1952. Wolf grave d'autres titres à West Memphis pour le label RPM des frères Bihari. Chess gagne finalement la lutte à propos de Howlin' Wolf qui part pour Chicago en 1953 et y passera le reste de sa vie.


 Rosco Gordon est né le 11 avril 1928 à Memphis. C'est sa mère qui l'initie au piano. Il forme son premier groupe très jeune et interprète ses propres compositions. Il se produit principalement sur Beale Street où il est remarqué par Rufus Thomas qui l'invite sur la station de radio WDIA en 1950. Il réalise ses premiers enregistrements en 1951, initialement destinés au label Chess, mais qui paraîtront finalement sur RPM. "Booted", paraît à la fois également sur Chess et RPM et connaît le succès immédiat.

 En 1959 il signe avec Vee-Jay, chez qui il publie "Just A Little Bit". En 1962, à la fin de son contrat avec Vee-Jay, il émigre a New-York où il enregistre avec son épouse Babara Kerr. Dans les années soixante-dix il met sa carrière en veille et ne fera plus que des apparitions ponctuelles. Après la mort de sa femme en 1984 il fera des retours plus fréquents à la scène et participera a plusieurs documentaires. On le voit en particulier dans "La route de Memphis" réalisé par Richard Pearce dans la série Martin Scorsese présente The Blues. Il décède peu après, le 11 juillet 2002, à New York.


 Joe Willie Wilkins forme les Three Aces

 Joe Willie Wilkins, Né le: 7 Janvier, 1923, à Davenport, MS mort en: 1981, Memphis, TN. Il est né dans le cœur du Delta du Mississippi et son père était le bluesman Papa Frank Wilkins, un ami du grand country bluesman Charley Patton. Joe Willie Wilkins était déjà assez bon gratteur de guitare de blues très jeune, après avoir apprit aussi autant l'harmonica que l'accordéon. Il a ramassé le surnom de "the Walkin' Seeburg" en référence au nom de marque d'un juke-box populaire au cours des années 30, son truc pour apprendre des chansons.

 Au début des années 40 il remplace Robert Jr. Lockwood au pied levé dans le groupe de Sonny Boy Williamson II, et on peut l'entendre sur un bon nombre d'enregistrements de Williamson ainsi que sur de pistes d'artistes comme Willie Love et Big Joe Williams où il joue de la basse avec l'original maitre du blues. Accompagné de son ami Houston Stackhouse, Wilkins à joué avec Williamson dans le fameux show "Mother's Best Flour Hour" sur la radio KKFA à Helena.

 En 1950 Wilkins forme "the Three Aces" avec Willie Nix et Willie Love, ce groupe diffusé sur KWEM cette même année attire l'attention de Sam Phillips qui lui propose un contrat de guitariste maison pour Sun Records dans son studio de Memphis. Wilkins a également soutenu plusieurs artistes enregistrant pour Trumpet à Jackson dans le Mississippi. Il enregistre comme sideman avec beaucoup des meilleurs grands blusemen des années 50 parmi lesquels on trouve, Arthur "Big Boy" Crudup, Roosevelt Sykes, Big Walter Horton, Little Walter Jacobs, Mose Vinson, Memphis Al Williams, Joe Hill Louis, Elmore James, and Floyd Jones. On peut entendre un peu du jeu le plus sauvage du guitariste sur le titre "Sputnick" de Sykes, le solo de guitare a presque un son rockabilly.


 Wilkins a beaucoup tourné dans le Sud, a passé beaucoup d'heures dans les studios d'enregistrement de Chicago, mais finissait toujours par revenir dans sa maison d'adoption à Memphis. Son rapport avec Stackhouse a continué toutes les années où Memphis fut leur base réciproque. Wilkins était le logeur de Stackhouse, un rapport qui ne les a pas empêchés de jouer ensemble souvent aux festivals de blues de la ville et à la "Memphis Blues Caravan".

 Wilkins a été si dévoué à se produire qu'il a continué à tourner même après avoir subit une colostomie vers la fin des années 70. Bien que certains biographes situent sa mort en 1979, ses dernières prestations ont été une tournée de la Côte Est en 1981 et il est mort dans la semaine suivante. Les chansons originales de cet artiste comprennent "Hard Headed Woman" et "It's Too Bad". Il y a un essai biographique sur lui dans le livre "Goin' Back to Sweet Memphis" : Conversations With the Blues par Fred J. Hay.


 BB King lui aussi est bien déterminé à réussir dans la musique, il revient à Memphis et demande à Sonny Boy Williamson qui anime une émission de blues à la radio KWEM s'il peut jouer une chanson dans son émission. Le succès est immédiat: la station est submergée d'appels, ce qui lui permet de jouer en concert face à un public au "Miss Annie's Saloon".

 Puis B.B. tente sa chance auprès de WDIA, une des premières radios où tout le personnel est noir. Là encore, Riley demande s'il peut enregistrer un disque. Surpris par cette demande, le patron de la radio a l'idée de le faire jouer dans un spot publicitaire de 10 min pour le soda Pepticon: "King's spot". Riley a carte blanche tant qu'il fait de la bonne publicité. Le succès est encore au rendez-vous et on le surnomme déjà "Pepticon boy". Grâce à sa popularité, la station radio le promeut DJ. Riley a désormais sa propre émission: "the Sepia Swing Club" où il passe des disques d'artistes noirs, joue de la guitare et chante selon les demandes des auditeurs. Il ne lui manque plus qu'on surnom accrocheur: "Beale Street Blues Boy," puis "Blues Boy King," pour finalement le raccourcir en "B.B. King."

 La popularité grandissante de B.B. l'amène rapidement à enregistrer ses premiers disques dès 1949, comme "B.B. Boogie". B.B. est déjà populaire aux alentours de Memphis et se donne régulièrement en concert. Malheureusement, il reste inconnu dans le reste du pays. C'est pourquoi, il se dote d'un manager, Robert Henry, un riche commerçant de "Beale Street".

 En deux ou trois ans, Phillips créé le label Sun et commence à animer le phénomène rock ’n’ roll. L'équipement à WDIA a été mis en place pour utiliser les mêmes conditions d'enregistrement pour le "disk-jockey" et artiste de cabaret B.B. King que celle de son premier disque pour Bullet Records de Nashville. Par la suite, conscient du marché pour un tel matériel, le directeur de la programmation de la station, David James Mattis, lance le label Duke et capte les premières performances des jeunes talents qui défilent à WDIA, des artistes comme Johnny Ace, Bobby Bland et Earl Forest. De nouveau, on a entendu le son de Memphis à travers le monde, bien que cette fois, à cause de la liberté inhérente des ondes, l'intérêt des auditeurs était multiracial, surtout autour de la région de Memphis.

 Robert Calvin Bland, alias Bobby Blue Bland, nait le 27 janvier 1930 à Rosemark, une petite ville du Tennessee. Quelques années plus tard il s’en va vivre à Memphis en compagnie de sa mère. Le jeune Bland commence à chanter dans des groupes locaux de gospel et en particulier “The Miniatures”, partageant son temps entre le garage où il trime en semaine et les week-ends où il s'adonne à sa passion du chant. Désireux de varier ses centres d’intérêts musicaux il commence à fréquenter la renommée "Beale Street" où il finit par faire parti d’un cercle de jeunes musiciens qui se nomment eux-même tout naturellement “The Beale Streeters”.

 Ses premiers enregistrements datent du début des années 50. Hélas ses premiers essais se voient enrayés par l’appel de l’Oncle Sam sous les drapeaux. Quand Bland retourne à Memphis en 1954 il y retrouve plusieurs de ses anciens condisciples dont en particulier Johnny Ace. Entre temps le premier label de Bland, Duke, a été vendu à Rob Dobey un entrepreneur de Houston.


 En 1956 il commence à tourner avec Little Junior Parker. A noter qu’il lui sert également de secrétaire et de chauffeur. Simultanément il commence à s’affirmer avec un style vocal caractéristique. Il obtient quelques succès en single avec des blues mélodiques comme “Farther Up The Road” (1957) et “Little Boy Blue” (1958). Mais c’est dans une série de titres à succès, parus au début des années 60, que Bobby démontre son talent de façon éclatante. "Cry Cry Cry," "I Pity The Fool" et "Turn On Your Love Light” vont devenir des standards.

 Avec l'audition de musique noire à la radio, l'étape suivante va furtivement amener le publique à se déplacer dans les clubs de "Beale Street" et les "juke joints" de la région pour voir les artistes en personne. Le plus fameux des fans blancs du blues de Memphis était Elvis Presley, dont le début de carrière a été propulsée par son imitation du phrasé et du déhanchement des noirs, mais d'autre jeunes gens de la région se sont laissés influencer aussi, comme Charlie Musselwhite, Steve Cropper et Duck Dunn. La compréhension de Musselwhite pour le blues était si vrai qu'il a été adopté par le monde du blues de Chicago. Cropper et Dunn étaient recruté pour le travailler à des enregistrements studio avec l'innovateur Stax, qui a ainsi réuni les talents noirs et blancs pour une longue décennie de règne au sommet des "charts". En présentant les meilleurs compositeurs, arrangeurs et instrumentistes du Sud, le cheptel de Stax, avec Sam et Dave, Otis Redding, Albert King, Isaac Hayes ou Eddie Floyd, apporte à nouveau la reconnaissance internationale pour Memphis.


 Junior Parker

 On ne sait pas trop où est né Parker, cependant son nom était Herman Parker, Jr. Il commence par chanter dans un groupe de gospel. Sonny boy Williamson sera son modèle et il l’accompagnera avant de se joindre en 1949 à Howlin’ Wolf. Vers 1950, il fut un membre d'un groupe de Memphis, les Beale Streeters, avec Bobby 'Blue' Bland et B.B. King. En 1951, il forme son propre groupe, les Blues Flames, avec le guitariste Auburn 'Pat' Hare. Parker fut alors découvert en 1952 par Ike Turner, qui le signa chez Modern Records. Il sort un single sur ce label "You're My angel", ce titre attire l'attention de Sam Phillips qui signe alors avec Parker chez Sun Records en 1953. Ils sortent alors trois chansons à succès : "Feelin' Good" (qui atteint la cinquième place du classement Rhythm'n Blues du magazine Billboard , "Love My Baby," et "Mystery Train", avec Floyd Murphy (le frère de Matt "Guitar" Murphy).

 Plus tard en 1953, Parker part en tournée avec Bobby Bland et Johnny Ace et rejoint le label Duke Records. Parker et Bland prennent alors la tête de la revue de Blues la plus renommée, qui devient une référence du circuit sud du Blues. Il continue de sortir des chansons à succès atteignant entrant à chaque fois dans les Hit parade Rhythm'n Blues, comme avec "Next Time You See Me", "Sweet Home Chicago" et "Driving Wheel"; "The Things That I Used to Do"; "Mother-in-Law Blues" de Don Robey et "stand by me".

 Ces succès furent plus mitigés à partir du moment où il quitta le label Duke Label en 1966. Il enregistra pour différents labels, notamment Mercury Records, Blue Rock, Minit Records, and Capitol Records. Parker meurt le 18 novembre 1971 à l'âge de 39 ans à Blue Island, Chicago lors d'une opération pour une tumeur au cerveau.


 Dr. David EVANS, il joue le blues de ses racines depuis 1962. Professeur de Musicologie à l’Université de Memphis, il a obtenu un Grammy Award en 2002 pour l’ensemble de son œuvre ! David Evans est un érudit de blues noté et un musicien qui a contribué au fait de documenter certains des vestiges restants de blues traditionnel à Memphis et à la région environnante. L'auteur de Big Road Blues, Evans est à la tête du programme de doctorat en Ethnomusicologie à l'Université de Memphis. Né à Boston, Evans est venu au blues par le folk revival uu milieu des années 60 et après avoir observé des artistes légendaires comme Son House, Mississippi John Hurt et Sleepy John Estes, il a décidé de poursuivre l'étude de la tradition de blues comme carrière. En 1966, pendant que dans l'école de diplômé à UCLA, il a commencé à faire des voyages d'étude au sud pour explorer et enregistrer des musiciens de blues. En 1997, le groupe d'Evans The Last Chance Jug Band, un ensemble modelé sur les jug bands de Memphis pendant les années 20 et 30, a sortit son premier album, Shake That Thing.

 Nul mieux que le Dr. David Evans n’est capable de présenter le Blues et ses origines. Non parce qu’il est chercheur, universitaire, professeur de musicologie, titulaire de la chaire d’ethnomusicologie à l’université de Memphis. Non pour ses travaux - il vient d’obtenir le Grammy Award (la plus haute distinction des Etats-Unis) pour ses recherches sur le Blues. Mais surtout parce qu’il est aussi et surtout musicien de Blues. Certains de ses albums sont diffusés par la Bibliothèque du Congrès des Etats-unis. Depuis plus de 30 années, il a parcouru les chemins pour retrouver ces musiciens authentiques du Delta Blues. Ainsi il sait nous apporter en simplicité leurs styles, et les atmosphères de leurs musiques.

 C’est un peu du patrimoine de l’humanité que David Evans détient au travers du Blues. Comme ce n’est pas lui qui osera l’exprimer, reconnaissons-le pour lui. Car sa position est unique : au carrefour de la musique et de la connaissance. David Evans donne en effet des conférences sur le Blues, son histoire et ses divers styles.


 L'intérêt produit par les collectionneurs de vieux enregistrements 78tr à stimulé une reprise dans les racines du le blues pendant les années 60 et les fans se sont dirigé vers Memphis à la recherche des hommes et des femmes qui avaient contribué au premier boom de l'enregistrement dans les années 20. Ainsi pendant que les artistes comme Little Milton créaient le blues contemporain classique avec Stax, les vieux joueurs acoustiques jouissaient d'un baroud d'honneur prolongé. Le 04 avril 1968, Martin Luther King le pasteur noir de l'église baptiste de Montgomery (Alabama) est assassiné à 38 ans par James Earl Ray à Memphis. Engagé dans la lutte contre la ségrégation, il est resté célèbre pour son discours "I Have a Dream" dans lequel il décrit une Amérique où Blancs et Noirs sont unis. Il reçoit le prix Nobel de la paix en 1964.

 A travers des efforts comme la "Memphis Blues Caravan", organisée par l'historien de la musique Steve LaVere en 1971, Sleepy John Estes, Hammie Nixon, Sam Chatmon, Furry Lewis, et Bukka White ont été présenté dans les universités et aux publics des festivals dans le monde entier.


 L'intégration et la réhabilitation urbaine à la fin des années 50 ont enlevé à "Beale Street" beaucoup de ses repères, mais son esprit a maintenu son pouvoir d'attraction, en attirant des milliers de visiteurs chaque année pour observer à travers la palissade les carcasses des vieux bâtiments. Dans les années 1980, les réparations ont commencé sérieusement sur les structures en ruine et vers la fin du vingtième siècle, les bars et les boutiques de souvenirs ont bordé les blocs à partir de la Seconde jusqu'à la Quatrièmes Rues, remémorant un excitant et insouciant passé.


 Jeff Buckley, chanteur est mort à Memphis le 29 mai 1997. Il fut retrouvé dans le Mississippi mais se serait noyé dans la Wolf River ou dans la Memphis River.

 Pendant ce temps, les Memphians attendent le grand signe percutant suivant dans la musique, comme c'est arrivé quand W. C. Handy et ses successeurs ont exprimé la collision du monde urbain et des cultures rurales au cours des années 1910 et 1920 ou quand les studios Sun et Stax Records ont saisi la fusion sonore entre les musiciens noirs et blancs au cours des années 50 et 60.



 Et nous c’est le train de la prochaine étape que nous attendons, bien sur il reste beaucoup de non dit sur Memphis, mais les grandes lignes ont été tracées.


 

 

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