Près de Woodville dans le Mississippi à environ quinze milles du lac Mary, a vécu Scott Dunbar, musicien extraordinaire qui a la particularité tout à fait singulière d'avoir peu enregistré et qui a créé une vague d'intérêt sur le peu qu'il a été édité. Assez loin des courants actuels du blues, car il est sûr que les musiciens dont le répertoire réside dans la pure tradition du blues et qui pourtant développe un style fortement individuel et singulier, se place dans un registre totalement indépendant de leurs pairs. Dans ce groupe plutôt rare on trouve plusieurs hommes qui ont enregistré bien après l'apogée des blues commerciaux, des hommes tels que Cecil Barfield, CeDell Davis, Junior Kimbrough et Scott Dunbar.
Dunbar a disparu à l'âge de 90 ans en 1994, avec un décès largement passé inaperçu excepté de deux ou trois nécrologies dans des magasines de blues et un legs de dix-neuf titres publiés.

Fils d'un ex-esclave Scott Dunbar est Né en 1904 à Deer Park entre le Mississippi et Lake Mary à l'ouest de Woodville et au sud de Natchez. A huit ans il s'est fabriqué une guitare à partir d'une boîte à cigares d'un manche à balai et de fil électrique, et en a joué comme d'un violon. A dix ans il obtient une vrai guitare et commence à apprendre à jouer.
Il raconte:
Mon père est mort, et alors ma mère s'est déplacée à Natchez, et elle est morte. Je suis venu de ce côté du lac et depuis j'ai vécu de ce côté.
Old Lee Baker, qui jouait du violon est venu et a dit:
Mon garçon, je veux t'entendre jouer de cette guitare,
et il m'a amené de ce côté jouer avec son groupe.

La musique de Scott n'est pas passée au polish, et elle ne s'est pas développée pour les salles de concert ou les studios d'enregistrement. Il a appris à jouer pour accompagner les personnes âgées sur la plantation, plusieurs de ses chansons il les a apprise là, en tant qu'enfant. Il ne connait pas les noms des cordes qu'il emploie parce qu'il ne sait pas lire la musique. Il accorde la guitare différemment pour différentes chansons. Son jeu de guitare est puissant et vigoureux, et il marque le temps avec un "stomping boot-heel" (en frappant du pied), c'est un jeu adapté à un style de vie et pas tellement pour des audiences tapageuse et bruyantes, avec simplement des instruments acoustiques et la voix.

Ca ne sont pas la renommée ni la fortune que Dunbar a cherché. Au contraire, il était fier de ses capacités musicales et n'a pas eu besoin du public des salles de concerts ou des festivals pour s'en convaincre.
Il a vécu une existence tranquille en tant que pêcheur et guide fluvial. Dans les notes à son unique album, From Lake Mary sortit sur le label "Ahura Mazda" en 1970, Karl Micheal Wolfe a écrit : « aujourd'hui Scott Dunbar est un pêcheur et un guide sur le lac Mary, père de six enfants, et un chanteur de blues résident de Woodville dans le comté rural de Wilkinson, Mississippi. Là chacun connaît le vieux Scott. Nous espérons que ce disque le fera connaître à un plus large public.»
Dunbar n'est jamais devenu un nom bien connu bien qu'il ait été assez bien considéré dans le cercle des amateurs. Toutefois il n'a fait aucun enregistrement par la suite, à priori aucun festivals et ne s'est jamais déplacé outre mer. De même ainsi que c'est souvent le cas, sa reconnaissance est venue des aficionados du blues d'outre-Atlantique avec plusieurs articles paru dans Blues World et Blues Unlimited en 1971 et 1972.

Avant ses enregistrements de 1970 Dunbar a été enregistré par Frederic Ramsey, Jr. en 1954 en tant qu'élément des field recordings faits sous une concession de "the John Simon Guggenheim Memorial Foundation". Les enregistrements de Ramsey apparaissent sur les 10 volumes de la série Music from the South sur Folkways avec 4 enregistrements de Dunbar sur Music From The South Vol. 5: Song, Play And Dance et un titre sur Music From The South Vol. 10: Been Here And Gone.
Encore trois titres enregistrés ont été publiés et apparaissent sur l'album Blues From The Delta, accompagné d'un intéressant livre du même nom de William Ferris.